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Benvenuti in queste pagine dedicate a scienza, storia ed arte. Amelia Carolina Sparavigna, Torino

Friday, April 22, 2011

"Around the World" in ancient agriculture

There is a beautiful book by Éric Mollard, Annie Walter, Éditeurs scientifiques. The title is "Agricultures singulières", IRD Éditions, Institut de recherche pour le développement, Paris, 2008.
It is an "around the world" in ancient agricultural techniques.
Let me report a small part of this book.

Les qochas de l’Altiplano
En langue quechua, le terme qocha désigne les lacs, les cuvettes, les étangs et, de façongénérale, tout bassin inondé artificiel ou naturel, toute dépression à la surface du sol. C’est également le nom donné à un type d’assiette cérémonielle en céramique. Les qochas (ou cochas suivant les graphies) sont des cuvettes naturelles ou creusées par les hommes, reliées entre elles pour former un véritable système hydraulique. Le terme
désigne à la fois un unique bassin et le système dans son ensemble. Les terrains qui les séparent ne sont pas cultivés mais dédiés à l’élevage. Les qochas sont l’un des nombreux systèmes de gestion des eaux et du sol qui ont permis aux anciennes populations andines de cultiver la terre et de survivre. On trouve les qochas dans de rares régions des Altiplanos péruvien et bolivien, à une altitude moyenne de 4 000 mètres. Ils sont très nombreux et denses dans le département de Puno (Pérou) où ils ont été découverts et bien documentés...


Les  qochas sont des dépressions, aménagées par les hommes selon trois formes de base. Les plus fréquentes sont rondes et mesurent de 30 mètres à 200 mètres de diamètre pour une superficie moyenne de 6 000 m2. ...La qocha sert alternativement de champ de culture, de pâturage et de réservoir d’eau. ... On y cultive avant tout la pomme de terre ainsi que la cañihua (Chenopodium pallidicaule) et la quinoa (Chenopodium quinoa), l’avoine, l’orge et le bléparfois en rotation. La qocha supporte des cultures de pomme de terre la première année, de quinoa la deuxième année, d’avoine et d’orge la troisième année puis suit une jachère pâturée de durée variable. La taille d’une qocha est généralement exprimée en masa, c’est-à-dire en surface labourée en un jour par une équipe constituée de deux hommes et d’une femme. Le rendement est d’environ une tonne par masa. Le système permet une régulation souple de l’eau de pluie dans une région qui doit faire face à une succession de fortes sécheresses suivies d’inondations....
Le système des qochas est sans doute l’agriculture de l’Altiplano, autour du lac Titicaca, la moins étudiée si bien qu’il existe peu de références à son sujet. Cela s’explique en partie par le fait qu’au XVI e siècle, elles étaient situées en dehors des voies de passage principales. Plus tard, les lignes de chemin de fer ont traversé ces larges dépressions peu profondes, sans que les voyageurs puissent les remarquer, au premier coup d’œil. Ce n’est qu’en 1962 qu’elles ont été mentionnées pour la première fois, par des étudiants en archéologie qui travaillaient dans le Puno, alors même que beaucoup d’entre elles étaient encore en activité. Elles sont d’origine préincaïque comme en témoignent les tessons découverts à proximité. Bien que le système soit vraisemblablement antérieur, il est associé au site Pukara.
Pukara a été un centre de peuplement important durant des centaines d’années depuis 1 300 avant  J.-C. puis il est devenu, entre 250 avant J.-C. et 380 après J.-C., un important site religieux, densément peuplé. Une société fortement hiérarchisée y tenait de grandes cérémonies et a été capable d’assurer une gestion centralisée de l’eau. Mais certains auteurs suggèrent que l’aménagement et la maintenance des structures agricoles, dont les qochas, ont été tout aussi bien mis en œuvre par des groupements communautaires locaux. Même en supposant que les paysans aient utilisé des
dépressions existantes dans lesquelles l’eau de pluie s’accumulait, il est certain qu’une grande maind’œuvre et une longue période de temps ont été nécessaires pour aménager ce système complexe sur une grande étendue. Outre les qochas, cette civilisation a aussi construit d’importants ensembles de champs surélevés (ERICKSON, 1994). Puis, le site a été progressivement abandonné avec la montée en puissance de Tihuanacu avec laquelle Pukara a entretenu des liens commerciaux et sociaux. Cette civilisation andine qui a étendu son influence jusqu’au nord du Chili, a pratiqué une agriculture fondée sur la construction des terrasses (andenes), des champs surélevés (camellones) et aussi quelques  qochas. Mais elles sont peu développées dans la vallée de Tihuanacu, sans doute parce que leur capacité de production est insuffisante pour une nombreuse population. Après la chute de Tihuanacu, en l’an 1000, le site de Pukara a été de nouveau occupé et les qochas utilisées. La région a traversé à
cette époque une longue période de sécheresse qui a pu rendre l’utilisation des qochas indispensable pour la survie des populations locales. Plus tard, les Huari puis les Incas ont développé des systèmes renommés de terrasses mais les qochas ont continué à être cultivées, en complément de  l’agriculture de pente. La conquête espagnole a par la suite entraîné une grave dépopulation locale qui a conduit à l’abandon partiel de toutes les structures agricoles mais les  qochas, toujours utilisées par quelques groupes, ont réussi à traverser les siècles, les guerres et la colonisation. Elles apparaissent donc comme des structures complémentaires à celles qui soutiennent l’agriculture principale et se développent quand les conditions environnementales (naturelles ou sociales) fragilisent l’agriculture et les communautés locales.
Aujourd’hui, des secteurs entiers de  qochas ont été abandonnés ou détériorés soit pour des raisons de salinité des sols, soit à cause d’une mécanisation imprudente dans les secteurs d’haciendas. Mais elles occupent encore plus de 250 km2, avec une densité d’environ 100 qochas au kilomètre carré. Au total, plus de 20 000 cuvettes sont actuellement utilisées de façon intensive par les populations andines
contemporaines. Elles ne sont pas les seules structures agricoles de la région et les communautés locales cultivent aussi les pentes, aménagées en terrasses (andenes) et construisent des  camellones (ici appelés waru-waru).